Le fort de Vaise fut construit vers 1840 comme élément d’une ceinture défensive pour la ville de Lyon décidée par Louis-Philippe . Tourné vers le seul accès à l’époque vers les hauteurs de Fourvière, la montée de l’observance, il devait néanmoins garder un œil tourné vers Vaise. C’est pourquoi le fossé fût longé par une galerie de fusillade percée d’une quinzaine de meurtrières formant un piège mortel pour d’éventuels assaillants.
Lors de travaux d’urbanisme menés au XXème siècle on remblaya le fossé et cette galerie semi-enterrée devint un souterrain à part entière.
Invités à visiter l’endroit par l’actuel propriétaire les membres de l’OCRA-Lyon ont très vite eu envie de nettoyer cette galerie de la terre qui l’encombre afin de la rendre plus apte à des visites guidées.
Un peu d’histoire…
La ville de Lyon a depuis très longtemps été défendue par des installations militaires situées à la périphérie. Les progrès techniques des armées ainsi que la proximité de l’Autriche poussèrent le roi Louis –Philippe à ordonner la création d’une ligne de forts défensifs autour de la ville en 1832. Un certain nombre de forts, de fortins et de batteries sont alors créés ou modernisés pour répondre aux menaces de l’époque.
Bâtis en pierres de Couzon, de Villebois ou de saint-Cyr pour la plus grande partie ces forts sont d’une étonnante modernité. Si on retrouve des éléments moyenâgeux tels les meurtrières ou les mâchicoulis qui défendent les entrées, la nature « semi-enterrée » de ces forts ou les postes de tir d’artillerie montrent que cette arme avait déjà une grande importance. Le célèbre fort de Douaumont, vers Verdun, est bâti dans la même optique à peu près à la même époque.
De nouvelles inventions techniques comme le canon rayé rendront caduques les forts de la ceinture rapprochée dès leur mise en service. On décidera alors de bâtir une enceinte plus éloignée de la ville, enceinte qui sera achevée après 1870. Deux guerres mondiales plus tard ces fortifications ne se justifient plus et l’armée va en céder certaines à la ville de Lyon, dont le fort de vaise. D’abord utilisé pour loger des employés d’une usine il sera abandonné durant les années 70 où il sera occupé par des sdf. En 1982 les frères Renaud, présidant la fondation qui porte leur nom le rachètent afin de le sauver de la ruine. Des travaux de restauration sont menés et depuis le fort accueille les collections de la fondation ainsi que des événements culturels. Cependant vu les contraintes techniques le souterrain du fort n’est pas remis en état et ne fait alors pas partie de la visite des lieux au regret des propriétaires.
Le projet de l’OCRA-Lyon.
Les membres de l’association ayant pris contact auprès de Jean-Jacques Renaud ont visité la galerie à plusieurs reprises. Constatant que les lieux semblent être dans un bon état de conservation et ayant à cœur de mettre un tel lieu en valeur, encouragés en cela par Mr Renaud, l’OCRA-Lyon réfléchit à la possibilité de s’occuper d’un chantier de mise en valeur. Dans un premier temps une visite est effectuée avec un ingénieur sécurité afin de définir si les lieux peuvent accueillir une activité physique. On regarde aussi quels éléments de sécurité seraient indispensables à des visites. L’intérêt pour le public et la fondation Renaud des 3 salles qui sont en bas de la galerie est aussi longuement évoqué. La difficulté de trouver des financements laisse toutefois le chantier à l’état de projet, et les lieux gardent leur coté sauvage.
Les Journées Européennes du Patrimoines 2005
Le Fort de Vaise étant restauré, il constitue un attrait culturel important sur le IX ème arrondissement et un des lieux les plus fréquentés lors des JEP. Lorsque la mairie demanda à la fondation Renaud quels seraient ses projets pour les JEP 2005 celle ci proposa une visite du souterrain en partenariat avec l’association OCRA-Lyon. La mairie proposa donc à l’association d’organiser ces visites. Grâce aux renseignements en possession de l’OCRA-Lyon relatifs aux visites de lieux clos nous savions que les visites devaient s’effectuer par groupes de 10 visiteurs pour 2 guides dont au moins un devait être secouriste. Il était évident aussi que les conditions d’éclairage devaient permettre une visite en sécurité. Consciente des enjeux d’une première ouverture ainsi que des impératifs de sécurité mais heureuse de partager sa passion l’association décida de se lancer dans cette aventure…pensant faire quelques visites pour quelques passionnés… …Et une foule tsunamiesque déferla !
Heureusement la mobilisation était générale et la préparation suffisante pour que les choses se passent bien.
Afin de contenir la masse de curieux la prise en charge se fait à l’entrée du fort…
… Les gens sont alors conviés à une visite guidée du fort de vaise…
…puis il est recommandé de s’armer de patience car la file d’attente est dense…
…on patiente devant une exposition photo avant de reprendre la queue…
La fondation Renaud possède des copies des plans originaux des forts. Le public se voit donc expliquer dans le détail l’histoire des forts, de la galerie de fusillade, son utilité, ses stratagèmes et le fait qu’elle n’ait jamais servi. Tout cela pour patienter encore un peu car les groupes de visites sont si restreints et la foule si nombreuse…
…puis il est temps pour les patients visiteurs de pénétrer, enfin, dans le souterrain !
Afin de créer une ambiance proche de celle qui régnait dans les anciennes galeries nous avons choisi d’éclairer le parcours de la visite avec des chandelles disposées dans les meurtrières.
Pendant la descente vers les postes de tir les yeux des visiteurs ont le temps de s’habituer à l’obscurité.
Une fois en bas les gens découvrent les fameux postes de tir et une explication est fournie « in situ ».
Bilan : Au total plus de 800 personnes de tous ages, femmes et enfants, ont visité ce souterrain lors de sa première présentation publique. Toutes ces personnes sont ressorties de la galerie, enchantées pour la plus grande majorité. Beaucoup de personnes ont été surprises par l’éclairage à la bougie, mais après un moment les yeux s’habituent et les visiteurs apprécient l’alternance d’ombres et de lumières. Le public a pu aussi faire la part du rêve et de la réalité au milieu des rumeurs qui circulent sur les souterrains de Lyon. Lors de ces deux jours l’association OCRA-Lyon a pris conscience de l’intérêt porté par le public au patrimoine souterrain et à nos actions. Ceci nous a motivé pour commencer les opérations de déblaiement de la terre qui encombrait les trois salles situées en bas du souterrain.
L’OCRA-Lyon a mesuré l’importance de l’organisation d’un tel événement, et si plusieurs points forts ont été mis en avant nous avons pris notes également de tout ce qui nous a posé problème afin d’en tenir compte lors des édition suivantes, afin de proposer des visites encore plus agréables au public.
Pour plus d’information sur le vaste chantier de déblaiement de ces galeries vous pouvez voir cette page.