Congrès 2019 de la Société Française d’Etude des Souterrains – Lyon

Les 19 et 20 octobre 2019, Lyon accueillait le 42e congrès (ou plutôt le 41e bis) de la SFES (Société Française d’Etude des Souterrains), organisé par notre association, l’OCRA-Lyon, au Fort de Vaise et à la salle Jean Couty (Lyon 9e).

Affiche du congrès 2019 de la Société Française d'Etude des Souterrains, représentant une galerie à demi-immergée
Affiche du congrès 2019, photo par Iconogone

La SFES, qu’est-ce que c’est ?

Cette association, fondée en 1971, a pour vocation principale l’étude des souterrains anthropiques (creusés ou aménagés par l’homme). Elle édite également une revue trimestrielle, Subterranea, et organise annuellement le congrès de la SFES, qui change chaque fois de ville et de région.

Vous pouvez également vous abonner à leur lettre d’information électronique mensuelle.

Le congrès 2019 de la SFES

Le thème de l’édition 2019 était « Les souterrains et l’eau ».

Les activités proposées se sont reparties entre différentes conférences, mais aussi et surtout des visites de différents lieux souterrains emblématiques ou rarement ouverts.

Conférences

Différent(e)s intervenant(e)s de qualité ont pu présenter, comme chaque année, plusieurs sujets autour des souterrains et cavités.

Vous trouverez pour mémoire ci-contre quelques couvertures des présentations de qualité auxquelles nous avons pu assister.

Les articles correspondants ont été publiés dans la revue Subterranea, éditée par la SFES, dont vous retrouverez les contenus sur leur site.

On retiendra, entre autres, la présence d’Emmanuel Bernot, du service d’Archéologie de la Ville de Lyon, qui nous a longuement parlé des galeries de captage antiques sous les collines de Lyon.

Mais aussi Paul Courbon qui a évoqué le fonctionnement méconnu de l’alimentation en eau des forteresses du Proche-Orient, avec les contraintes spécifiques à ces régions particulièrement sèches et tous les trésors d’ingéniosité nécessaires pour récupérer ce liquide si précieux dans cette zone.

Enfin Walid Nazim a pu nous présenter le résultat de ses travaux concernant le fameux réseau des Arêtes de Poisson, et son origine supposée.

Près d’une centaine de personnes ont assisté aux conférences (ouvertes au public extérieur) au sein de l’espace Jean Couty, mis à disposition par le 9ème arrondissement de la Ville de Lyon, que nous remercions chaleureusement au passage.

Visites du premier jour (vendredi)

Réunir autant de passionné(e)s des galeries anthropiques, c’était aussi l’occasion rêvée de leur faire découvrir le patrimoine souterrain local 😉

Fort de Vaise

Nous avons bien sûr commencé par le Fort de Vaise (qui appartient à la Fondation Renaud) et son chemin de fusillade enterré que l’OCRA-Lyon a dégagé à partir de 2005.

Partie basse de la galerie souterraine du Fort de Vaise, ancien chemin de garde semi-enterré

La galerie fait plus d’une centaine de mètres et comporte

  • une quinzaine de meurtrières
  • 3 casemates souterraines équipées pour tirer au canon

Elle est en partie constituée de granit, le bastion ayant été construit sur un éperon rocheux.

Pour plus de renseignements, vous pouvez vous référer à l’article que nous avions écrit sur la galerie de fusillade du Fort de Vaise.

Le caveau de Saint-Pothin

La fin de la première journée a été consacrée à un lieu méconnu de Lyon : le caveau de Saint-Pothin, sous l’hôpital de l’Antiquaille (qui a été converti en complexe de luxe il y a quelques années).
L’OCRA-Lyon (ou plutôt le groupe informel qui a précédé l’association) avait déjà eu l’occasion de visiter ce lieu en 1999.

Chapelle souterrain dite caveau de Saint-Pothin, sous l'ancien hôpital de l'Antiquaille
Chapelle souterraine dite caveau de saint Pothin
(© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel – © Ville de Lyon)

Ce lieu a malheureusement beaucoup souffert, notamment sur sa voûte, que les infiltrations font s’écrouler par endroits.

Visites du deuxième jour (samedi)

La Champignonnière de Caluire

Le début d’après-midi a été consacrée à un des lieux pour lesquels l’OCRA-Lyon œuvre afin de les préserver, la Champignonnière de Caluire, rue Paul Painlevé, à Caluire-et-Cuire (nous remercions au passage la Mairie de Caluire de leur confiance dans ce projet de mise en valeur).

Représentation en 3D de la champignonnière de Caluire

Cette ancienne galerie défensive reliait les Forts de Montessuy et Caluire à partir de 1831 ; l’urbanisation croissante du plateau l’a ensuite transformée en souterrain (avant, elle était semi-enterrée, sauf sur sa partie Nord).

Un milieu sombre, légèrement humide, dont on peut contrôler l’aération, et avec une température constante inférieure à 20 °C ? Rien de mieux pour cultiver des champignons ! Le 20e siècle a donc vu cette galerie être réutilisée en tant que champignonnière (désaffectée depuis, mais plusieurs exploitations de ce type existent toujours autour de Lyon).

Bassins filtrants et usine des Eaux de Caluire

Un des lieux souterrains particulièrement remarquable à Lyon se situe à quelques encablures du Rhône : les bassins filtrants de l’ancienne usine des eaux, à Saint-Clair, au pied de Caluire, côté Rhône.

L’association « L’eau à Lyon et la Pompe de Cornouailles » a pu nous faire visiter ce site tellement particulier.

Sous 1600 m² de voûtes étaient captées les eaux du Rhône, montées jusqu’à la Croix-Rousse via d’énormes pompes dites de « Cornouailles ».

Visites du troisième jour (dimanche)

Une fois le très bon repas de la veille digéré et après une matinée de conférences d’un grand intérêt, la SFES a procédé à son assemblée générale annuelle.

Nous avons ensuite emmené les participants dans différents lieux souterrains peu connus, même de nous !

Magasin sous roc

Les magasins sous roc sont des ouvrages militaires destinés au stockage de la poudre, enterrés entre 6 et 10m de profondeur. Ils comportaient également des salles pour la confection de certaines munitions, l’activation du détonateur, etc.

Les consignes de sécurité y étaient très strictes, et de nombreuses mesures étaient prises pour éviter tout accident, comme l’utilisation du bronze pour éviter toute étincelle.

Jean-Philippe en train de présenter l’histoire du lieu aux participants (photo Iconogone)
Levier de manœuvre du volet qui ferme l’aeration

Captage du Vallon d’Arches

Il s’agit d’un ensemble hydraulique comportant plus de 150 mètres de galeries ainsi que deux belles salles voutées, situé à Saint-Romain-au-Mont-d’Or.

Pierre de Laclos y a consacré un article assez complet en 2017 et a pu nous le faire visiter dans le cadre du congrès.

Le sentier qui monte au site était, ce jour-là, rendu difficile car boueux et la marche d’accès s’est faite avec la pluie.

Une fois arrivés sur place, nous avons pu accéder à ce réseau par une trappe en bas d’un escalier (et rien n’arrêtait les plus âgés des participants, pas même un accès compliqué !

Le point d’entrée était en fait un « gros regard », à partir duquel nous avons pu explorer moins d’une cinquantaine de mètres (énormément d’eau dans la galerie).

Un autre souterrain dans les Monts d’Or était prévu au programme mais la pluie diluvienne en a décidé autrement.

Petite anecdote : nous avions contacté une entreprise située à proximité pour pouvoir utiliser son parking pendant le week-end. Le gardien n’a semble-t-il pas eu l’information et a tiqué quand il a vu arriver 12 voitures sur son parking prévu pour 6 !

Un congrès, c’est aussi de la convivialité !

En effet, au delà de l’échange de connaissances et des visites organisées dans le cadre de ce week-end, le congrès de la SFES est chaque année l’occasion de partager un bon repas et le verre de l’amitié !

Le vendredi soir, Yohann Duart de l’Apéro Comptoir (Lyon 6e) a régalé les participants et le Côtes du Rhône a coulé à flots 😉

Le samedi soir, c’est l’association OCRA-Lyon qui a géré le repas et nous avons accueilli tous les participants dans la salle Jean Couty pour un repas 100% fait maison dont nous avons le secret ! Mickael, un de nos membres, spécialiste du rougaï saucisse annuel que nous dégustons aux Journées du Patrimoine, s’est ici surpassé, aidé d’une petite équipe qui n’a pas démérité non plus (encore merci à la mairie du 9e arrondissement de Lyon pour la salle Jean Couty et sa cuisine entièrement équipée).

Les membres de l’association
en plein épluchage de pommes de terre
Vérification de la cuisson

Au menu du jour : veloutés de betterave et de champignon, diots de Savoie sauce vin rouge et oignons, pommes de terre vapeur, cervelle de canut (spécialité locale à base de crème et de fromage blanc agrémenté d’herbes hachéés), île flottante 😋 et rhum arrangé fourni par notre président, Emmanuel Bury.

Remerciements

L’organisation de ce congrès n’aurait pas été possible sans l’aide de :

  • la Fondation Renaud, propriétaire du Fort de Vaise et notre partenaire depuis 15 ans
  • La Mairie du 9e arrondissement de Lyon, pour la mise à disposition de la salle Jean Couty
  • La SFES, pour nous avoir fait confiance et pour leur soutien dans l’organisation
  • Les conférencier(e)s qui ont répondu présent et ont répondu avec plaisir à toutes les questions du public
  • Les participants au congrès, qui ont enchanté ces 3 jours avec leur énergie
  • Les membres de l’OCRA-Lyon et nos amis, qui se sont démenés pendant plusieurs mois pour organiser cet évènement